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Shall et Will

 

Remarques préliminaires

Relire les fiches B1 et B2 sur le sujet.

 

Nous souhaitons insister sur le fait que le mot "futur" en grammaire est une étiquette qui envoie à un moment du temps, mais ne permet pas de comprendre a priori le sens du message passé par l'énonciateur qui emploie une forme "future" (prédiction, volonté, intention ?). Seuls les contextes permettent d’élucider ces valeurs.

 

Futur et intention de communiquer : ce qu'on entend donc par "futur" se résume le plus souvent à la notion de prédiction (quasi certitude), voire à celle de volonté ou d’intention, les deux pouvant s’ajouter l’une à l’autre suivant les contextes.

 

Contrairement au français l'anglais n'a pas de forme grammaticalisée de conjugaison au "futur" du type chanter ? chanter-ai ; voir le paragraphe en fin de page sur la théorie de la formation du futur en français.

 

SHALL

 

ORIGINE

 

Shall est la forme moderne du vieil anglais scal/sceal, forme elle-même dérivée du vieil allemand scolan (qui a donné sollen en allemand moderne). Ce verbe véhicule la notion d'obligation ou de dette. Cette notion est toujours présente en filigrane dans de nombreux emplois modernes de shall.
Il conviendra, dans les exemples qui suivent, de différencier la valeur pragmatique/radicale* de la valeur assertive/épistémique** mais il arrive que les deux se superposent selon les contextes.
*Rappel : l'énonciateur essaie d'agir sur le sujet de l'énoncé. (Voir tableau B1).
** L'énonciateur estime les chances de réalisation de l'action. (Voir tableau B1)

 

SHALL EN ANGLAIS MODERNE

 

Le choix de shall indique que le rapport entre le sujet (S) et le prédicat (P = verbe + compléments éventuels) ne va pas naturellement de soi. Voir fiche C1/C2 précédente et le tableau animé des valeurs des quatre modaux concernés. Exemple :

We, slaves, shall be free!

Superposition des valeurs épistémique et radicale ici.

(On s'accordera pour reconnaître que le concept de "slave" n'a pas pour qualité intrinsèque celui de "free").
Dans l'exemple ci-dessus, l'effet de sens est le suivant : l'énonciateur prédit néanmoins la libération des esclaves (choses pas toujours facile à acquérir) ainsi que le fait qu'il veillera personnellement à l'accomplissement de la "prophétie".

 

Considérons à nouveau (voir fiche B2) la phrase célèbre de Sir Winston Churchill en 1940 :

• "We shall fight on the beaches, we shall fight in the fields,… we shall never surrender."

La forte intervention de l'énonciateur dans l'énoncé (définition même de ce qu'on appelle "modalisation de l'énoncé") est évidente dans l'exemple ci-dessus ainsi que l'aspect non-inhérent de la relation S/P : en effet, après l'écrasante défaite des anglo-français à Dunkerque, il semblait que rien ne pourrait arrêter l'avance allemande. Dans ces conditions il aurait peut-être paru plus naturel de se rendre que de continuer le combat. L'histoire montre que le peuple français n'a pas montré la même détermination que le Premier Ministre anglais à ce moment de l’histoire.

 

Les contrats contiennent eux-aussi le modal shall, puisque la tendance naturelle des gens est plutôt d'essayer de ne pas respecter leur parole (sinon, pourquoi signer un contrat ?).
Dans ce type d'énoncé le sens de shall est très proche de celui de must. (Valeur contraignante de shall).

Both parties shall meet regularly to assess the situation. (= Les deux contractants s'engagent à se réunir régulièrement pour faire le bilan de la situation).
Noter ici la "lexicalisation" de la modalité et le remplacement d'un mode, ou du futur français, par l'emploi du présent de l'indicatif du verbe "s'engager à", qui vient en quelque sorte gloser le sens de shall.

 

De même les serments se forment avec le modal shall.

I swear that the evidence I shall give before this court shall be the truth, all the truth, and nothing but the truth. (= Je jure que les preuves que je vais apporter ici seront la vérité, toute la vérité et rien que la vérité. ? On ne sait jamais, les gens ont peut-être tendance à mentir ou des raisons de le faire …).

 

WILL

 

ORIGINE

 

Ne pas confondre le verbe lexical will (vouloir) qui reste un verbe régulier et le modal will, bien que leur origine soit commune.

 

WILL LEXICAL

 

Le verbe lexical est utilisé dans le sens de want au présent simple uniquement dans des expressions comme :

Tell him what you will, I don't care. (= Dis-lui ce que tu veux, je m'en fiche).

Dans ses autres emplois, il a le sens de "se forcer à" :

The actress willed herself to cry. (= L'actrice s'est forcée à pleurer).

ou de léguer quelque chose à quelqu'un :

The old man willed his entire fortune to the local hospital. (= Le vieil homme a légué toute sa fortune à l'hôpital de la ville). (Cf. a will = un testament).

 

WILL MODAL

 

Il a pour origine le verbe willan en vieil anglais, lui-même parent du verbe allemand wollen (= vouloir) dont le présent est … "will" aux première et troisième personnes du singulier.
Pour bien comprendre le sens des énoncés qui contiennent le modal will, il convient de ne pas perdre de vue son origine lexicale.

 

Ceci permet entre autre de comprendre le glissement de sens souvent identifié « habituel » dans les grammaires scolaires, comme l’exemple de la fiche B2 l’illustre :

Iron will rust. (= Le fer, ça rouille. Que vous le vouliez ou non, c'est comme ça : molécule de fer + molécule d'oxygène = rouille/oxyde de fer. C'est un phénomène naturel).

 

L'énoncé Iron shall rust a-t-il un sens?

 

Oui, si l'énoncicateur est le créateur de la nature qui aura décidé que l'action de l'oxygène sur le fer créera l'oxyde de fer.
Remarque : on voit donc que shall est premier et will second. Les linguistes disent que shall est de phase 1 et will de phase 2.

 

Comment passe-t-on du verbe lexical à l'auxiliaire modal et pour ce dernier des valeurs radicales à la valeur épistémique?
On peut voir les choses ainsi :
Si l'on considère que will est à l'origine un verbe lexical, on comprend pourquoi on trouve des énoncés du type :

 

Boys will be boys.

Iron will rust.

Accident will happen.

 

car on a beau essayer d’éduquer les garçons (!), d'empêcher le fer de rouiller, d'éviter les accidents, la réalité fait comme si ces sujets avaient une volonté bien à eux de faire ce qui leur plaît. (Peignez et repeignez votre grille, la rouille finira toujours par réapparaître). Nous voyons donc un lien très étroit entre le sémantisme de will et le fait qu'il apparaît sous forme de modal quand l'énonciateur insiste sur les qualités intrinsèques des sujets (valeur radicale dite dynamique), qu'ils soient animés ou inanimés.

 

Il est dès lors facile de comprendre le glissement vers la valeur épistémique (quasi certitude de l'énonciateur, prédiction) car celui qui connaît les caractéristiques du sujet peut prédire ses réactions (valeur épistémique) ou les commenter (valeur radicale) :

 

If you don't paint your gate regularly, it will rust.

If you tell my dad, he will be mad at me.

Mom will always worry when we’re late home.

 

C'est pourquoi il est dangereux, comme nous l'indiquions en préambule, d'associer will à l'idée d'un auxiliaire du futur. Car le mot futur est une étiquette grammaticale 'scolaire' qui n'aide en rien à découvrir le sens des énoncés en will.

Que faut-il comprendre en effet, hors contexte, d'un énoncé comme :

 

He will fall asleep in the middle of the sermon. ?

ou bien :

He won't come. ?

 

LE FUTUR FRANÇAIS.

 

Selon les recherches de certains linguistes, il semble qu'en fait la formation du "futur" français ne soit pas si différente de ce qui s'est passé en anglais (ou en allemand…).
Dans les trois cas, on a pris l'infinitif (en anglais celui qu'on appelle "sans to" ou base verbale, et en allemand l'infinitif seul (sans "zu")). On notera les coïncidences…
Dans les trois langues, on a choisi un ou deux auxiliaires qui, pour la plupart, avaient au départ une valeur lexicale.
L'anglais a choisi will et shall pour les raisons expliquées plus haut et les a fait suivre de la base verbale qui marque l'absence de réalisation de l'action au moment (présent) de parole. On a donc ajouté à gauche de la base verbale un outil qui véhicule le sens précis de ce que l'énonciateur veut dire concernant le rapport S/P.

 

En allemand on a choisi le verbe "werden" qui lexicalement veut dire "devenir" (ce qui a du sens quand on veut faire référence à l'avenir …). C'est lui qui prend les formes de la conjugaison mais il est suivi de l'infinitif (rejeté en fin de proposition). Comme en anglais il est donc placé à gauche mais il prend les formes de la conjugaison selon la personne du sujet, comme le fait un verbe français au "futur". Mais il faut bien garder présent à l'esprit que ce sont les formes présentes de "werden" qui sont employées puisque c'est au moment présent que les certitudes (ou intentions) sont énoncées.

 

Le français lui, ne dispose pas d'auxiliaires modaux au sens anglais du mot. En fait, il ne dispose que de deux auxiliaires : "être" et "avoir", avec lesquels il doit marquer le moment où les actions sont considérées.
Aux passés dits "composés", il se sert d'être ou avoir, mais semble être dépourvu d'outil pour marquer ce qui vise l'avenir. Or il n'en est rien : en fait le français s'est servi (comme pour le présent) de désinences qui ne sont autres que les formes du verbe "avoir" : ai, as, a, (av)ons), (av)ez, ont, qu'il a placées, somme toute de façon très logique, APRES (à droite de!) l'infinitif : chanter-ai (nous choisissons un verbe du premier groupe pour faciliter la démonstration, mais elle fonctionne très bien également avec « finir » ou « boire ».). Ainsi quand "avoir" sert d'auxiliaire de passé, il est placé AVANT le verbe (conjugué au participe passé puisque l'action a existé) et quand il sert "d'auxiliaire du futur" il est logiquement placé après le verbe qui, lui, ne subit aucune transformation (infinitif) puisque l'action évoquée n'a pas encore lieu au moment de parole.

N.B. les formes anglaises en shall et will sont souvent traduites par des formes françaises identifiées comme « futur proche » (aller + infinitif). Mais souvent également par des formes du subjonctif, voire du conditionnel. Ce qui fait dire parfois que le futur français n’a pas grand-chose à faire dans le mode indicatif…

 

 

 

Consultez la rubrique "apptrentissage anglais" d' Educastream pour bénéficier d'une formation efficace en anglais. Pour plus de grammaire sur les auxiliaires modaux voir le cours sur must et need.

 

 

 

Exercices : les auxiliaires modaux, shall et will