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Article de presse - Libération

 

Technologie. Cours d’anglais en visioconférence sur écran géant, exercices sur ordinateurs portables connectés wi-fi

 

Le journal Libération parle des nouvelles technologies pour l’apprentissage des langues et notamment de la solution globale de visioconférence Educastream. Il nous raconte comment Peter et Deena, tous deux enseignants d’Educastream, dispensent leur cours passionnant en direct de Londres.

 

Reportage Laïque, publique et numérique

Technologie. Cours d’anglais en visioconférence sur écran géant, exercices sur ordinateurs portables connectés wi-fi : les écoles primaires d’Elancourt, dans les Yvelines, jouent les pionnières de l’éducation high-tech.

 

Les élèves sont un peu déçus. Ce ne sera pas Peter d’Oxford qui fera aujourd’hui le cours d’anglais, mais Deena de Londres. Lors des précédentes leçons, ils s’étaient habitués à Peter, à son accent distingué et à sa diction lente. Deena parle vite et moins distinctement. Le son est aussi moins bon aujourd’hui. Deena est une enseignante high-tech, assise dans son bureau londonien. Son ordinateur devant elle, un casque sur les oreilles, elle regarde la classe d’Elancourt, dans les Yvelines, sur son écran, interroge et donne la parole à l’élève qui lève le bras.

 

L’école élémentaire Jean de La Fontaine est un établissement pionnier en France. Elle dispose d’un équipement de visioconférence pour les cours d’anglais, qui sont au programme à partir du CE2 et l’an prochain à partir du CE1. Elle possède aussi deux tableaux numériques interactifs (TNI), écrans géants reliés chacun à un ordinateur doté de programmes ludiques d’apprentissage du français et du calcul, de cartes de géographie, de schémas animés, etc. 

 

La ville d’Elancourt se vante de représenter l’école du futur. Ses écoles élémentaires ont chacune deux TNI - trois pour les maternelles -, et cinq d’entre elles disposent d’un matériel de visioconférence. Le député-maire Jean-Michel Fourgous, ancien chercheur, est un passionné des nouvelles technologies. Mais Elancourt ne devrait bientôt plus être une exception. Dans les trois prochaines années, les écoles françaises devraient combler leur retard, notamment sur les Anglo-Saxons, champions du genre, qui ont pris une dizaine d’années d’avance… Le ministère de l’Education nationale a en effet décidé de lancer un vaste programme de modernisation (lire ci-dessous). Cette fois, c’est l’Etat qui s’engage. Jusqu’ici l’effort reposait essentiellement sur les communes, d’où des inégalités criantes. Depuis la décentralisation, elles ont en effet à charge l’entretien et l’équipement des écoles primaires.

 

Limites. « How are you today ? » : face aux 28 élèves de CM2, Deena, jeune femme brune et souriante, commence son cours. Des photos apparaissent sur le tableau blanc interactif. Nous sommes chez les Taylor, une famille de trois enfants, avec une maison bordée d’une pelouse et un garage pour la voiture. Deena fait répéter des phrases simples. Puis elle interroge, en anglais : « Combien d’enfants ont les Taylor ? » « They’ve got three children », répond un élève. Deena demande ensuite qu’on lui pose la même question. Mais là, c’est plus dur. Les enfants se passent de main en main les deux micros. Dans son petit cadre à droite de l’écran, Deena sourit, encourageante. Nathalie Noël, l’institutrice, vient à la rescousse : « How many children… »

 

« Ce qui est irremplaçable, c’est que les élèves entendent dès le début l’anglais avec un bon accent, explique-t-elle. Avec l’image, ils sont aussi plus dans l’action et on les capte plus longtemps. Ils adorent cela aussi car c’est la nouveauté. » Nathalie Noël ne cache toutefois pas les limites de l’exercice. Les séances vont vite et ne remplacent pas le travail traditionnel. Il faut au moins, ensuite, un cours pour assimiler la séance, un autre pour préparer la suivante. Les enseignants volontaires qui utilisent les nouvelles technologies reçoivent une formation de l’Education nationale, sur une à deux semaines en général, pour se familiariser avec les équipements. Mais ils ne sont pas des techniciens. Le programme choisi à Elancourt pour les cours d’anglais, Educastream, prévoit qu’un technicien assiste au cours, au moins dans un premier temps. Il établit la connexion et suit la leçon. Aujourd’hui, il y a eu une panne d’image au début. « Seule, je n’aurais jamais su relancer le programme », reconnaît Nathalie Noël.

 

Gomme virtuelle. Dans un autre quartier d’Elancourt, l’institutrice du CP de l’école Willy Brandt, Régine Bontemps, a prévu ce matin un cours de français high-tech. Elle divise les enfants en deux groupes. Cinq vont s’installer devant le tableau blanc interactif accroché au mur. Ils devront écrire des mots correspondant aux images qui s’affichent. Puis ils se corrigeront les uns les autres grâce à un crayon « magique » qui change de couleur en appuyant sur une icône, et à une gomme, virtuelle aussi. Les seize autres élèves vont s’initier au traitement de texte, avec chacun un portable.

 

Régine Bontemps ouvre alors la « classe mobile », une petite armoire sur roulettes où sont rangés une vingtaine d’ordinateurs équipés du wi-fi. Cela fait seulement un mois que la classe l’utilise. Les enfants doivent copier un texte écrit dans leur cahier, le titrer, l’enregistrer et refermer le programme. Il faut d’abord grossir le caractère, de 12 à 24. Laure a déjà fini. Mais au premier rang, une petite fille peine. L’enseignante lui demande d’aller l’aider. Hubert termine de copier son texte : « Ce matin j’ai fait une partie de cache-cache… » Mais comment le nommer ? Hubert appelle la maîtresse : ce sera « cematin.doc ». Pendant ce temps, sur le TNI, Mathis écrit « robinet » sous le dessin. Baptiste veut le corriger et fait passer le crayon du bleu au rouge. Derrière, les autres élèves ont rangé leurs portables et sont passés à des mots fléchés. Sauf un, paralysé devant la question sur l’écran : « Voulez-vous vraiment fermer la session ? » Régine Bontemps, trente ans d’expérience, garde un calme olympien. C’est déjà la deuxième année qu’elle utilise le TNI. « On assiste à des échanges intéressants entre les enfants, dit-elle. Le rapport avec moi évolue : pour eux ça n’est pas toujours du travail. Et puis, la fonction mémoire du tableau est très importante : à tout moment on peut revenir sur ce qu’on a déjà fait. » Avec la classe mobile, elle voit l’avantage d’une pédagogie différenciée : « Je vais former des petits groupes de niveaux ; ceux en difficulté en maths pourront travailler sur les chiffres. »

 

« Ni colle ni ciseau ». « Les TNI sont bien pour les enfants malhabiles, ajoute Nathalie Noël, également directrice de l’école. Avec leur baguette à la Harry Potter, ils peuvent déplacer des mots. Mais il ne faut pas en abuser, surtout en grande section de maternelle. Sinon l’enfant ne manipulera plus ni colle ni ciseau, alors que déjà la pâte à modeler a disparu à la maison. »

 

Il n’y a pas encore d’étude approfondie sur les apports de ces nouvelles technologies. Les enseignants reconnaissent que ce n’est pas toujours facile de s’adapter. Le professeur n’est plus le seul à transmettre le savoir. Et parfois le doute s’insinue : où est sa place ? « Au début, je ne savais pas où me mettre pendant les séances de visioconférence, je laissais des silences s’installer, se rappelle Pascale Sellin, la première à s’être lancée dans la visioconférence en janvier 2007 à l’école de la Commanderie. Maintenant, je sais, je souffle quand il le faut. » De même, l’architecture de la classe est chamboulée. Où installer le TNI ? Face aux élèves, à la place du tableau noir, ou dans leur dos, gardant la disposition traditionnelle de la classe ? Certains enseignants n’ont pas choisi : les écoliers sont assis perpendiculairement aux murs, et tournent la tête pour changer de tableau. Un peu partout, les deux époques se chevauchent : le TNI trône sur un mur et les autres restent tapissés de tables de multiplication et de poésies écrites en grandes lettres reliées.

 

Reportage

 

Le primaire à la page digitale en 2010

Le gouvernement se donne trois ans pour équiper les écoles en nouvelles technologies.

 

Comparée aux collèges et aux lycées, l’école primaire est le parent pauvre en matière de nouvelles technologies. Le ministère de l’Education nationale a décidé un vaste effort dans trois directions : l’apprentissage de l’anglais, l’équipement des classes, jusqu’ici très hétérogène, et enfin la formation des enseignants. A partir de ce mois-ci, une vingtaine de sites pilotes vont tester les cours de langue par visioconférence. L’objectif est d’avoir 1000 écoles équipées à la rentrée 2008, et l’ensemble d’ici 2010. Les établissements auront le choix entre un système mettant en relation les élèves avec un professeur anglais, comme à Elancourt, ou avec une classe jumelée. Les échanges réels d’élèves sont devenus quasi impossibles : les écoles anglaises sont surchargées, il faut trois ans d’attente en moyenne. « Il s’agit de passer de la connaissance classique de la grammaire et du vocabulaire à la connaissance pratique, en désinhibant l’élève », explique-t-on au ministère.

 

Début avril, un appel à projet va en outre être lancé pour équiper les écoles en tableaux numériques interactifs (TNI) et en « classes mobiles », ces armoires à roulettes contenant les ordinateurs portables des élèves, chaque établissement devant en posséder une en 2010. « Les élèves sont prêts et même demandeurs, souligne-t-on au ministère. C’est en primaire que l’on observe le plus grand décalage avec le quotidien des enfants. Il faut être cohérent avec l’environnement d’aujourd’hui. »

 

La formation va être renforcée. D’ores et déjà un module d’informatique figure au programme des IUFM (Institut universitaire de formation des maîtres). A la fin de l’année, tous les sortants vont recevoir une clé USB avec des contenus correspondant à leur discipline. Le ministère a acquis pour deux ans les droits à ces ressources que les enseignants pirataient largement jusqu’ici.

 

Au programme également, le développement des ENT (Environnement numérique de travail), des portails d’accès personnalisés au réseau informatique des écoles, donnant accès à diverses ressources, selon le profil de l’utilisateur. Ils permettent notamment la mise en relation des parents et des professeurs. Le système existe déjà mais son usage est souvent limité à des informations internes. Ce qui n’empêche pas de nombreux enseignants d’apprécier la possibilité de mettre en commun leurs cours, une mutualisation à laquelle la profession n’est guère habituée.

 

A la rentrée, on devrait aussi tester dans 50 classes de 6e les premiers e-book, ces terminaux portables sur lesquels on peut charger des centaines de livres numérisés. Enfin, le ministère prépare un vaste programme pour les élèves handicapés, qui doivent désormais être accueillis dans les écoles. Une base de données à usage scolaire va notamment être traduite en langue des signes et en braille.

 

VÉRONIQUE SOULÉ

 

Publié le : 15 janvier 2008

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